Grande voie : Sens interdit ou tonton Boubou - secteur grand Baou - Faron nord - 100m - 6b max

La veille, j’avais déjà grimpé deux grandes voies avec Rodolphe et Baptiste. Et me voilà à nouveau au sommet du Faron nord, prêt à repartir pour une autre grande voie. Une fougasse aux olives dans une main, le topo dans l’autre.

Avec Isabelle, nous examinons les différentes options qui s’offrent à nous. Nous cherchons une voie accessible. Mais ayant déjà fait les deux plus faciles du secteur — Le Grand Dièdre (la veille) et la Voie de 100 m (dont je ne garde pas un souvenir inoubliable) — nous finissons par nous décider pour Sens interdit ou Tonton Boubou.

C’est vraiment la limite haute en termes de difficulté pour Isabelle, mais les expériences de la veille m’avaient mis en confiance : l’équipement est rapproché et les cotations plutôt honnêtes.

Eh bien, j’aurais peut-être dû jeter un œil à CampToCamp avant de me lancer… Cette fois, les cotations sont sèches, et l’engagement bien plus sérieux que prévu.

L'accès à la grande voie par le haut du Faron :

Le parking se trouve sur la route du Faron, après le zoo. Dans une grande ligne droite, un peu avant d’arriver au fort de la Croix, vous trouverez sur le côté droit de la route une dizaine de places en épi (un panneau "P10" indique l’endroit).

Une fois garé, plusieurs options s’offrent à vous :

• Accès classique à pied à travers la face (itinéraire rouge)

• Accès en rappel depuis le haut (itinéraire bleu)

• Accès folklorique par le secteur Nono Lulu (itinéraire vert)

👉 Je conseille vivement l’accès rouge, car il est plus rapide. Il n’existe pas de réelle ligne de rappel équipée : il faudra descendre dans des voies (relais corrects mais non dédiés).

Accès à pied :

Une fois garé, revenez légèrement sur vos pas et prenez rapidement le sentier qui longe la route sur la droite.Vous trouverez assez vite un cairn indiquant un chemin qui descend à droite. Attention : ne pas prendre le tout premier sentier descendant (il mène au secteur de la Concession).

Ce sentier vous fera passer devant un premier secteur d'escalade, puis, en arrivant à l’éboulis, descendez légèrement pour rejoindre un deuxième secteur (main courante en place).

Vous arriverez ensuite au pied de la grande face, qu’il faut longer à pied, à l’aide de mains courantes.

Le départ de la voie se situe dans un dièdre-fissure évident, le nom y est indiqué.

Accès en rappel :

Nous avons choisi cet accès pour l’ambiance, mais il est un peu plus long et exposé.

Continuez à suivre le sentier qui longe la route pour rejoindre une vieille route qui monte vers l’antenne. Une fois cette dernière dépassée, continuez encore une centaine de mètres pour atteindre une plateforme ronde, marquant le sommet du Faron.

De là, une main courante descend vers le premier relais de rappel.

Nous avons effectué deux rappels avec une corde à double de 60 m pour atteindre le bas.

👉 L’ambiance est incroyable, mais un arbre mort au milieu du premier rappel rend cette ligne peu recommandable.

💡 Il est possible d’éviter cet obstacle en fractionnant le premier rappel grâce à un relais évident à mi-hauteur.

Accès par Nono Lulu :

J’avais repéré cet accès sur CampToCamp. La promesse était alléchante : rejoindre le secteur Nono Lulu, puis effectuer un rappel de 45 m.

La réalité est un peu moins séduisante. Une fois arrivé au secteur Nono Lulu, il faut descendre sous les voies, en empruntant des pierriers et des mains courantes, jusqu’à un chêne équipé d’une chaîne et de cordes d’un âge certain, qui servent de relais pour le rappel. Celui-ci permet de rejoindre le sentier classique de descente.

Bref, un accès plus folklorique que réellement pratique.

L'itinéraire :

L1 – 6a

Cette première longueur donne tout de suite le ton : il faut remonter une fissure technique sur le rocher typique des faces nord, sans grain et avec des pieds fuyants

.Ayant eu la prétention d’y aller en chaussures d’approche, je n’ai pas passé un moment très agréable...

L2 – 6a+

Changement complet de style : une section plutôt déversante, avec de bonnes prises. Cette longueur me permet de souffler un peu, en profitant d’un style que je maîtrise bien mieux.Cela reste toutefois sérieux pour la cotation : la grimpe est exigeante et physique.

Le relais n’est pas très confortable ; je pense qu’enchaîner avec la longueur suivante peut être judicieux et offrir un beau voyage.

L3 – 5c

Départ technique et pas donné, puis on suit une ligne de faiblesse. L’escalade se détend, mais le rocher est un peu moins bon. L’engagement est toujours bien présent : mieux vaut sonder les prises avant de tirer fort dessus.

Le relais se trouve dans un cade, hyper confortable.

L4 – 6b

Une première section un peu bloc, plutôt déroutante, se négocie sans trop utiliser la fissure. Mieux vaut chercher les réglettes autour.

La deuxième partie est un vrai voyage : une dalle hyper compacte, avec de très bons trous... espacés les uns des autres et pas faciles à lire.

La voie part légèrement à gauche, puis tout droit, sans points, pour arriver dans une niche qui fait office de relais.

Il ne faut pas oublier que, par prétention et par envie de ne pas souffrir des pieds, je me suis engagé dans cette voie en baskets. Et là, je l’ai franchement regretté.

La longueur est vraiment magnifique, mais je n’ai pas pu en profiter : j’ai subi l’escalade proposée et j’ai vraiment du me concentrer pour sortir la corde, vu l’exigence et l’espacement entre les points.

Spécificités :

Orientation : Nord. Le secteur passe à l’ombre vers 9h-10h et y reste jusqu’à la fin de la journée.

Rocher : Globalement de bonne qualité, typique d’une face nord : peu de grain mais très compact (sauf dans la longueur 3 où le rocher est un peu moins bon).

Équipement :La veille, je me plaignais que l’équipement était trop rapproché, au point de gâcher un peu le voyage...Eh bien, le karma m’a rattrapé !Ici, on est dans du vrai équipement de grande voie : de l’air entre les points, pas de scellements superflus. Les protections sont placées là où il faut, pour sécuriser les passages clés — mais rien de plus.Ce n’est pas engagé pour faire peur, c’est réfléchi, posé. Et franchement, c’est bien fait.

Matériel : Prévoir 12 dégaines et quelques sangles pour bien gérer le tirage.