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Les voleurs de à vue: comment Ticket-man gâche notre escalade.

Dernière mise à jour : 2 mai

J'ai toujours eu une fascination du décryptage des méthodes en escalade. Pour moi, c'est une des facettes les plus passionnante de notre sport.


grimpeur faisant leur lecture en compétition

Cette recherche peut être partagée, au pied d'un bloc ou d'une falaise lors de discussions passionnées entre grimpeurs, qui les bras en l'air, s'agitent en regardant le haut de la voie.

Scène commune pour nous, mais curieux spectacle pour le promeneur passant par là et se demandant ce qu'il peut y avoir d'aussi passionnant là-haut..



Le plaisir du à vue:

Un des grands défis de notre sport, est de ne pas avoir ces méthodes lorsque l'on part dans une voie. Il y a quelque chose d'unique dans la grimpe à vue: la surprise et l'incertitude que peut nous offrir le rocher (ou l'ouvreur dans nos salles). Et la dessus, on est jamais déçu!


femme faisant de l'escalade

Cela a beau faire plus de 20 ans que je grimpe, je ne suis pas prêt d'arrêter de me faire surprendre par la multitude de mouvements que la nature peut nous imposer ; par l'ordre improbable dont il faut prendre les prises pour ne pas trop forcer; Par le plaisir de trouver un bac dans ce trou qui n'avait pas l'air si salvateur… Bref par le suspense que nous propose le passage. Et même si l'on rate des méthodes, serrer une prise de pied pour se retrouver mauvaise main dans la prise clé de la section et quand même s'en sortir, a quelque chose de grisant. On a remporté le défi que l'on s'est imposé: réussir sans informations extérieures.


Mais depuis quelque temps tout cela devient de plus en plus compliqué de grimper réellement à vue…


Les voleurs de à vue:

Notre sport se démocratise, il y a de plus en plus de pratiquants. Et c'est plutôt chouette en soit! Sans qu'une catégorie de gens n'augmente aussi inéluctablement: les Tickets-Man.


Portrait de ces voleurs de à vue:


Falaisiste récent ou vieux renard des falaises Ticket-man, ne peut s'empêcher de faire des traits de magnésie sur toute prise qui se tient.


Ci-dessus, deux prises marquées et une déjection de Gabian: saurez-vous faire la différence?


Si certaines personnes aiment bien voir le caillou marqué par de beaux petits traits racontant l'histoire d'un grimpeur sans mémoire essayant de déchiffrer un passage, d'autre grimpeurs ne peuvent réprimander un relent de dégoût en voyant le caillou ainsi souillé.

Mais ici le débat n'est pas sur l'esthétisme d'une telle pratique.


escalade du cap canaille à la Ciotat

Le réel problème auquel Ticket-Man n'a probablement pas pensé, c'est que si ces petits traits d'un aspect si innocent l'aident à se souvenir de l'emplacement d'une prise, le grimpeur à vue n'a peut-être pas envie d'avoir une telle indication.

Effectivement, ce dernier apprécie le suspense que lui offre la voie, apprécie le fait que tant qu'il n'a pas clipper la chaîne, il ne peut savoir si il va réussir. Douter s'il n'y a pas un dernier crux qui l'attend, s'il ne va pas se tromper de méthode au dernier moment. Et cela change sa façon de grimper, de gérer son effort, de se battre mentalement et physiquement!

Mais si quelqu'un vient à lui indiquer les prises, l'aléatoire de l'enchainement est mis à mal, le suspense est gâché, et le grimpeur heureux d'avoir fait la croix, ne peut s'empêcher d'avoir un débat éthique au plus profond de lui même: "Et si les traits n'étaient pas là, est-ce que j'aurai enchainé?" "Est-ce que j'avais vraiment le niveau de la faire sans les traits?"

Bref la fierté de l'exploit est réduite, car Ticket-Man n'a pas pris la peine de se servir de sa brosse une fois sa journée finie.




Respecter la pratique de chacun:

Cet article n'a pas pour vocation de faire le procès d'une partie de notre communauté. Mais si je l'ai écrit c'est uniquement pour que nous, grimpeur, nous nous rendions compte que nous n'avons pas tous la même vision de notre sport, et que sans s'en rendre compte nous pouvons gâcher le plaisir d'autres grimpeurs.

Je ne dis pas qu'il ne faut plus faire de tickets pour flasher au copain qui va grimper après nous ou pour s'aider à repérer une prise.

Mais il faut le faire avec le respect de la pratique de chacun, et mettre un petit coup de brosse sur ses tickets une fois la session terminée.


Je n'aborde pas, dans cet article les personnes, qui pour soulager leur syndrome du sauveur, ne peuvent s'empêcher de hurler la méthode alors que le grimpeur en plein run à vue n'a rien demandé. Encore un vaste débat...



























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