Attention à la Rue : la plante à reconnaitre absolument
- aymericfreze
- 26 mai
- 3 min de lecture

Une plante de nos garrigues
Quand on explore les falaises du sud de la France, entre les blocs calcaires et les sentiers ensoleillés, on tombe parfois sur une plante discrète, mais bien particulière : la Rue à feuille étroite, ou Ruta angustifolia. Sa cousine la Rue officinale est connue depuis l’Antiquité, car cette plante méditerranéenne aux petites fleurs jaunes et au feuillage finement découpé a longtemps été cultivée pour ses propriétés médicinales… avant de tomber dans l’oubli.
Identification
La Rue est un petit arbrisseau vivace, atteignant 30 à 60 cm de haut. On la reconnaît à :
Ses feuilles bleu-vert, très découpées, au toucher légèrement cireux.
Son odeur forte et caractéristique, un peu âcre, que l’on sent dès qu’on la frôle.
Ses fleurs jaunes, à quatre pétales arrondis, visibles en été.
Elle pousse sur sol sec, en plein soleil, dans les garrigues, les rocailles et les bords de chemins. Un lieu donc très fréquenté par les grimpeurs et randonneurs !
Elle peut être confondue avec le genet qui lui ressemble fortement. mais avec un peu d'habitude les fleurs sont facilement distinguables:
La fleur de la Rue forme une croix, alors que celle du genet ressemble à un papillon.
Précautions à connaître

⚠️Le principal danger de la Rue vient de ses composés chimiques, notamment les furanocoumarines, présents dans ses feuilles et sa sève. Au contact de la peau, surtout si celle-ci est ensuite exposée au soleil, ces substances peuvent provoquer une réaction cutanée sévère : rougeurs, cloques, brûlures ressemblant à une allergie ou une brûlure chimique. C’est ce qu’on appelle une phytophotodermatose.
Ces effets peuvent survenir quelques heures à quelques jours après le contact, ce qui les rend parfois difficiles à attribuer immédiatement à la plante.

⚠️ Conseil : Si tu touches la plante par inadvertance pendant une sortie en falaise ou en randonnée, lave-toi rapidement les mains à l’eau claire et évite toute exposition au soleil sur les zones concernées pendant 24 à 48 heures.
L’ingestion de Ruta angustifolia est également dangereuse. Elle contient des huiles essentielles puissantes et des alcaloïdes qui, mal dosés, peuvent provoquer des troubles digestifs, neurologiques et même des effets abortifs. C’est pourquoi elle est strictement déconseillée en usage interne sans supervision médicale.
Usages traditionnels de la Rue officinale (Ruta graveolens) :
🌿 En phytothérapie :
Autrefois, la rue était utilisée pour :
Faciliter la digestion et calmer les spasmes intestinaux.
Soulager les douleurs articulaires en usage externe.
Réguler les règles, ce qui explique son nom “officinale”, lié à son usage en médecine.
Cependant, son usage interne est très délicat en raison de sa toxicité à forte dose. Elle est donc aujourd’hui peu utilisée en herboristerie moderne, sauf sous supervision d’un professionnel.
🐛 En répulsif :
Son odeur forte en fait aussi un répulsif naturel contre les insectes.
Anecdotes et symbolique
Dans l’Antiquité, la Rue était considérée comme une plante de protection. Les Romains en portaient parfois sur eux pour se prémunir du mauvais œil. Elle était aussi un ingrédient des philtres d’amour… ou des potions abortives.
Au Moyen Âge, elle entrait dans la composition du “vinaigre des quatre voleurs”, célèbre remède contre la peste.
Les différentes espèces de Rue
Le genre Ruta comprend plusieurs espèces aux caractéristiques proches, mais qu’il est utile de savoir distinguer. La plus connue est la Rue officinale (Ruta graveolens), souvent cultivée dans les jardins pour ses propriétés médicinales anciennes et son feuillage bleuté. Cependant, en milieu naturel méditerranéen, on croise plus souvent la Rue à feuilles étroites (Ruta angustifolia), espèce sauvage typique des garrigues, identifiable à ses feuilles très fines et allongées. Elle est tout aussi toxique et mérite la même prudence.
On peut aussi rencontrer d’autres espèces comme la Rue de Chalep (Ruta chalepensis), plus grande et plus robuste, fréquente en Afrique du Nord et en Espagne, ou encore la Rue des montagnes (Ruta montana), une espèce plus discrète et adaptée aux terrains arides.
Bien qu’elles partagent des propriétés similaires – notamment leur toxicité cutanée et interne – leur apparence, leur habitat et leurs usages varient. Toutes rappellent qu’en botanique, ce qui est beau ou médicinal n’est pas toujours inoffensif…
Références :
Plantes sauvages médicinales de Méditerranée – D. Boin.
Flore méditerranéenne – P. Quézel & C. Médail.










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