Le Grand Pilier ou la Walker de Provence à Bertagne (Sainte Baume)

La face du pic de Bertagne m'attire depuis des années. On peut la voir depuis l'autoroute, s'élevant fièrement au-dessus des collines. Austère, raide, sombre, un petit bout de montagne surplombant la Provence.

L'occasion d'y aller :

Mais après un bref coup d'œil au topo, j'avais pu voir que celle-ci n'était tracée que d'itinéraires en terrain d'aventure.

Du coup, deux obstacles s'élevaient entre moi et ce sommet : le terrain d'aventure en lui-même, n'étant ni un spécialiste ni un grand adepte de la discipline. Et trouver quelqu'un de motivé pour en faire. Bref, j'avais mis cela dans un coin de ma tête et n'y pensais plus vraiment.

Et puis au détour d'une salle d'escalade, Baptiste me propose de lui-même d'aller faire le grand pilier. On regarde rapidement le topo, je vois que la voie comprend de nombreux scellements, cela me rassure, j'accepte directement, on bloque la date pour la fin de la semaine.

Une ambiance terrible :

Malgré l'été bien commencé, il n'y avait pas un brin de soleil ce matin au parking. Nous avons profité du frais pour la marche d'approche, parcourant les sous-bois si caractéristique de la face sud de la Sainte Baume.

Les nuages restaient accrochés aux falaises nous surplombant, c'était beau, tout simplement.

Mais une fois au pied de la voie, cette météo donnais à la face un air peu rassurant à cet itinéraire déjà bien raide.

Accès et retour :

La marche d'approche dure environ 40 minutes. Une fois garé juste avant la barrière fermant la petite route derrière le bar tabac du village, il faudra suivre le sentier jaune évidant jusqu'au col de Bertagne. (25 min). Puis suivre le sentier qui passe sous la face, le quitter rapidement vers la gauche pour remonter au pied de la face. Le pied de la voie est assez évident : il faut aller sous le pilier raide et caractéristique, un trou dans la végétation permet de voir les premiers scellements de la voie.

Le retour s'effectue par le sentier jaune qu'il faudra suivre depuis le haut de la falaise. Il faudra contourner la partie militaire par la droite pour retrouver la route, puis la quitté pour suivre le sentier jaune partant vers la gauche (en face d'un très bel arbre). On retrouve rapidement le col (15 min) puis il faut suivre le chemin que l'on a pris à l'aller pour retrouver le parking.

Un itinéraire à ne pas sous-estimer :

Le rocher est très bon, et très compact pour du terrain d'aventure, mais l'escalade est déroutante, et le caillou sans grain demande un temps d'adaptation.

Les relais sont évidents et très bien équipés. (deux scellements reliés par une cordelette)

Première longueur 6b/c 40 m : (6a+ puis 5c sur le topo) le premier point est haut, et un vieux piton permet de protéger le petit pas de départ. La grimpe est dure pour la cotation, mais l'équipent est rassurant pour un tel itinéraire. La longueur suit une fissure évidente traversant légèrement à gauche puis au bout d'une vingtaine de mètres (juste avant un buisson), il faut suivre une autre fissure partant légèrement à droite.

Pas besoins de rajouter des protections et les pas durs peuvent passer en A0.

Deuxième longueur 6a/b 40 m : (5c+ sur le topo) l'itinéraire continue de suivre une fissure évidente, qu'il faudra protéger. Nombreux emplacements pour des câblés et quelques Friends.

Troisième longueur 7b+/c(?) 15 m : (7b>A1 sur le topo) la voie franchit une plaque compacte de rocher où la ligne de faiblesse disparait quelques mètres. L'équipement est très bon, et permet de faire les pas durs en A0. Nous nous sommes pas trop attardé à travailler les mouvements, mais j'ai un sérieux doute sur la cotation. Je ne pense pas que cette longueur est déjà était réalisé en libre. La difficulté est très courte, très à doigt, et les pieds sont presque inexistants.

Quatrième longueur 7b/b+ 40 m : (7c>A1 sur le topo) L'itinéraire récupère la ligne de faiblesse et il faudra suivre une fissure traversant légèrement à gauche. Les difficultés sont sur les 20 premiers mètres, assez homogènes. L'équipement laisse le choix, de grimper entre les points ou de passer en artif A1 grâce à de nombreux emplacements pour des câblés.

Puis il faudra suivre une fissure montant droit devant bien plus facile (5c) mais qu'il faudra protéger. (câblés/Friends/sangles)

Lulu m'a confié avoir enchainé cette longueur lors de son BE sans rajouter de protections sur la section dure. Personnellement, entre l'ambiance, le froid et avouons le, une peur plus que présente, je suis passé en artif sans vergogne…

Cinquième longueur 6c 40 m : (6c>A1 sur le topo) l'équipement est moins présent, il faudra protéger une grosse partie de la longueur (câblés/Friends/sangles). Dans un premier temps 5c bien montagne, une fissure large et fuyante. Puis ça devient très raide mais, les prises sont là. Ca grimpe entre les points dans la section dure, mais une fois de plus il est possible de passer en artif grâce à quelque câblés.

Entre le froid et la fatigue, cette longueur m'a demandé un réel effort, et j'étais bien content que la difficulté ne dure qu'une dizaine de mètres.